C'est quelqu'un qui monte dans sa voiture, un jour, trop épuisé·e pour enclencher le monteur. Quelqu'un réduit à l'immobilité par sa fatigue et qui va décider de faire de tout ça, un geste politique, un manifeste. À celleux qui se posent un moment sur ses sièges, il dira : voilà, je ne bouge plus. Je ne bouge plus et maintenant c'est votre problème. Maintenant c'est à la vie de venir à moi. Ce sera à vos mains de me nourrir, ce sera à vos bouches de me raconter le monde. Maintenant je me repose sur vous, et en vous.

Constamment la question du handicap au sein de nos communautés est mise de côté comme une question n'appartenant qu'à certains (les handicapés) et pas à d'autres (les valides). En réalité, la question du handicap, c'est une question de charge. De celle qu'on incarne pour le collectif par les adaptations que l'on requière, les refontes de société, les chaines de solidarités etc. De celle que le groupe choisit de gérer, comment il dit Repose-toi là, de cela c'est à nous de s'occuper. Cette micro-pièce, écrite est mise en scène par des personnes concernées, propose de tordre un instant le cou au réel pour parler de cette charge sans la nommer, sans entrer dans l'éducation et le didactique, mais plutôt en proposant le déclencheur d'une mise en pratique : quelqu'un, un jour, s'en remet au monde sans négociation possible, pour qu'il continue de le faire exister. Et questionne quel type de réseau d'entraide, quelle forme de course de relai pourrait découler de cet instant T.